C’est un conte écologique débordant d’amour, que les marionnettistes de la Compagnie Mouka tracent dans de beaux dessins à la craie. La pièce, jouée dans une grande proximité avec les enfants, assis autour de ce cercle de craie, est née d’un gros coup de coeur pour ce texte de Daniel Lemahieu, auteur aujourd’hui disparu, dont l’écriture réussit à être tout à la fois poétique et philosophique.

Sur le bord d’une autoroute, un corbeau couve seul son oeuf, jusqu’à ce qu’une petite lle le rejoigne. C’est le début d’une amitié enfantine et animale. Tout autour les avions strient le ciel, les voitures les frôlent à toute vitesse. Un monde effréné qui a oublié de s’occuper de l’essentiel : la nature, les animaux, et… les enfants.

La Compagnie Mouka, elle, fait tout l’inverse : elle prend son temps et veille sur ces deux personnages. Ses trois marionnettistes – tour à tour l’oiseau, la petite lle et le conteur de l’histoire – tracent au sol un cercle de craie protecteur, nid poétique où reconstruire l’espoir et imaginer des lendemains heureux. Lorsqu’il n’y a plus de place dans ce cercle rempli de dessins, l’histoire déborde et se répand, sans support, libre et incarnée.

Les traits éphémères, si vite effacés, traduisent l’in nie délicatesse de cette fable qui dit l’humilité nécessaire face à une nature puissante, mais aussi notre inassouvible besoin des autres, qu’ils soient oiseaux, humains ou arbres.